lundi 17 février 2014

Envie d'évasion

Elle s’est manifestée comme une évidence puisqu’elle a surgi d’un contexte personnel ultra-propice.

Mes vacances de Noel ont été douloureuses, comme tous les ans. La famille reste le milieu le plus franc et sans détour pour tout le monde, et Noel ne manque jamais de vous faire une bonne piqure de rappel.
Depuis que 2014 a commencé, je vis des journées de travail acharné pour cause de bilan comptable annuel. Au moment où ma tête a commencé à sortir de l’eau, j’ai pris une semaine en mars au hasard et demandé mes congés. Comme prévu, mes amis, potes, connaissances, tout ce que vous voulez, ne peuvent me suivre sur ces dates arbitraires.
En parlant d’amis, j’en ai perdu un et cela m’attriste. Ce sera vite oublié, contrairement à un chagrin d’amour duquel j’ai pour principe de ne jamais vraiment me remettre : au moins un domaine dans lequel je fais preuve d’une constance impeccable.  
Je poursuis ma petite impasse tranquillement. Moi qui ai rêvé de devenir rockstar, comédienne, interprète, écrivain, ou encore d’exercer un poste intéressant et à responsabilités dans une grande entreprise, j’ai l’honneur de faire un boulot administratif-financier-exigeant-mal-payé-et-donc-féminin. Qui sait si j’avais les moyens de mes ambitions ? Il est bien trop tard pour en décider, le coche est loupé donc autant composer avec la situation.
Pour se faire, les possibilités sont multiples et je tente de les saisir, trop rarement j’en concède. Tout d’abord, j’aime ma ville, même si je ne connais rien d’elle. Pourquoi connaître les noms de ses rues, de ses quartiers et de ses attractions touristiques ? L’amour se fonde sur tout sauf sur le savoir. J’aime ma ville et sa bourgeoisie apparente, ses jeunes femmes classes et bien maquillées, son peuple polyglotte, aussi bien turc que latino et même son vice qui déborde sur la Reeperbahn. Et oui, j’habite à Hambourg ; et rien que pour y avoir atterri, je ne pense pas avoir totalement « raté ma vie ». J’aime mon entreprise, elle me paye au lance-pierre certes, mais je m’y sens plutôt bien. Je côtoie des gens heureux d’y travailler, souriants et investis…et surtout que je n’ai pas à me coltiner en open space ! J’aime ce que je fais, tout simplement : classer, organiser, compter, calculer, coder des catégories internes de coûts, facturer, refacturer, décaisser, encaisser, relancer et se faire relancer. Ceci étant dit, si je pouvais m’échapper de cette planque sans possibilité de carrière et  gagner correctement ma vie avec une activité qui me passionne profondément, je ne cracherai pas dessus. J’aime prendre le métro, jamais bondé sur mon itinéraire, et bouquiner avant d’entamer une journée si peu littéraire. J’aime tenir un blog que personne ne lit ni ne commente. J’aime me vider la tête devant un juif tunisien le soir. J’aime me remplir la tête devant une chroniqueuse rousse toutes les semaines dans l’émission la plus regardée du PAF.
Ces plaisirs simples et quotidiens ne répondent bien entendu que partiellement à cette envie d’évasion. C’est pourquoi mon prochain périple sera là-bas, dans celle où il faut être trèèèèès vigilant, dans celle qu’il faut voir (et peut-être éviter de renifler…) avant de mourir paraît-il.







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